sexta-feira, 28 de junho de 2013

LE MONDE: Brasil faz concessões aos manifestantes e ainda diz que HÁ ALGUMA COISA ESQUISITA NO PAÍS, pois os DEPUTADOS estão trabalhando mesmo em meio à COPA DAS CONFEDERAÇÕES

Au Brésil, les politiques multiplient les concessions aux manifestants


Rio de Janeiro (Brésil), correspondant. Il se passe quelque chose d'étrange au Brésil. Même la rencontre de football opposant l'Uruguay à la Seleçao en demi-finale de la Coupe des confédérations, mercredi 26 juin, n'a pas interrompu les travaux des députés et de leurs collaborateurs. Chose inhabituelle, la retransmission de leurs débats sur la chaîne parlementaire répondait au direct télévisé du match dans de nombreux lieux public. Deux écrans ouverts sur un même pays où la frénésie soudaine des acteurs politiques n'avait rien à envier à la jeunesse de l'équipe brésilienne. Au contraire.

Manifestation avant la demi-finale de la Coupe des confédérations de football, à Fortaleza, le 27 juin.
Manifestation avant la demi-finale de la Coupe des confédérations de football, à Fortaleza, le 27 juin. | REUTERS/STRINGER/BRAZIL

Poussés par un mouvement de contestation d'une ampleur inédite depuis la fin de la dictature militaire (1964-1985), la présidente Dilma Rousseff, la coalition gouvernementale de centre gauche et les élus renvoient depuis trois jours l'image d'une folle course-poursuite pour répondre à la clameur de la rue. Comme si les manifestants, qui n'en finissent pas d'être mobilisés, avaient fait sortir de sa coupable léthargie le personnel politique et juridique tout entier, réveillant brutalement l'idée que leur survie est en jeu à un peu plus d'un an d'élections cruciales (présidentielle et législatives) pour le pays.



Les députés ont ainsi enterré en un temps record un projet d'amendement constitutionnel très critiqué, la PEC 37, un texte visant à restreindre le pouvoir des procureurs, les plus en pointe dans les affaires de corruption. Lorsque le texte avait été déposé en 2011, il avait obtenu 207 signatures de députés. Mardi, 430 élus (sur 513) ont voté contre, neuf pour et deux se sont abstenus. Le même jour, les députés ont décidé que 75 % des nouvelles recettes du pétrole seront destinées à l'éducation et 25 % à la santé. Une loi sur laquelle la présidente pourra encore mettre son veto : elle avait demandé un reversement intégral de 100 % pour le système éducatif.
UN DÉPUTÉ INCARCÉRÉ POUR LA PREMIÈRE FOIS DEPUIS 1974
Dans la foulée, le Congrès a commencé à voter en toute hâte une série de projets bloqués depuis des années. Parmi les plus importants, celui qui criminalise la corruption, la qualifiant de "crime odieux" au même titre qu'un meurtre, vient d'être approuvé au Sénat. Une commission de la Chambre des députés a également approuvé la fin du vote secret lors de l'examen de demandes de destitution de parlementaires, un texte qui traînait depuis six ans au fond d'une armoire.
Moins de 24 heures auront encore suffi pour que le Sénat suive le vote de la Chambre au sujet de la loi qui régule la distribution de fonds de participation aux Etats fédérés. La procédure avait été lancée en 1991. Même les juges de la Cour suprême ont pris part à cette incroyable accélération aux allures de catalogue à la Prévert.
Pour la première fois depuis l'adoption de la Constitution de 1988, la haute Cour a ordonné l'incarcération immédiate d'un député, Natan Donadon, du Parti du mouvement démocratique brésilien (PMDB, centre), membre de la coalition aupouvoir. Il avait été condamné en 2010 à plus de treize ans de prison pour corruption et association de malfaiteurs. D'après la police, l'homme ne s'est pas présenté jeudi à une convocation. Une alerte a été diffusée dans les aéroports. De mémoire de députés, le dernier parlementaire incarcéré remonte à 1974.
DILMA ROUSSEFF VEUT CONSULTER LES BRÉSILIENS PAR RÉFÉRENDUM
De son côté, la présidente a reçu jeudi le soutien des partis de sa coalition à son projet de consulter les Brésiliens par référendum, lancé à Brasilia devant les gouverneurs et les principaux maires du pays. Dans l'espoir de stabiliser une situation qui lui échappe, elle souhaite très vite consulter les électeurs sur plusieurs grandes questions. Deux semblent avoir sa priorité : quel type de financement de campagnes électorales (public, privé ou mixte) et quel mode de scrutin (district, mixte ou proportionnel) les citoyens préfèrent-ils ?

La présidente brésilienne, Dilma Rousseff, s'adresse à la nation, le 24 juin, sur les dépenses dans les transports publics.

Le gouvernement souhaite voir cette réforme entrer en vigueur dès les élections présidentielle et législatives d'octobre 2014. La présidente, qui briguera un second mandat au nom du Parti des travailleurs (PT, gauche), devait rencontrer, vendredi 28 juin, les partis de l'opposition, qui ont déjà dénoncé une "manœuvre de diversion".
Dans la même veine, Eduardo Campos, gouverneur socialiste du Pernambouc, allié du PT et néanmoins possible rival de Dilma Rousseff, a prévenu qu'une partie seulement de ces règles pourraient être appliquée en 2014. En revanche, il s'est dit favorable au vote d'un amendement prévoyant la mise en place de transportsgratuits dans le pays, comme le réclame depuis des années le Mouvement Passelivre (MPL, "libre passage"), à l'origine de la fronde sociale. Après plus de deux semaines de mobilisation, le Brésil se donne déjà des airs de campagne électorale.

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