Pour la première fois à l'Assemblée nationale, le mariage homosexuel a été à l'ordre du jour des débats parlementaires jeudi 9 juin. Une discussion provoquée par une proposition de loi socialiste qui veut que le mariage puisse être contracté"par deux personnes de sexes différents ou de même sexe". Le texte, qui sera soumis au vote mardi 14 juin, a été vivement rejeté par le gouvernement et le groupe UMP, majoritaire à l'Assemblée. A l'ouverture du débat, le rapporteur de la loi, le député socialiste parisien Patrick Bloche a cité la sociologe Irène Théry : "Le mariage est une institution vivante. Elle ne se défend pas de façon négative et apeuré, comme une citadelle assiégée."Rappelant que ce sont les mêmes députés qui en 1999 s'opposaient à la création du pacs qui lui attribuent aujourd'hui toutes les "vertus" pour justifier de ne pas"franchir une nouvelle étape sur le chemin de l'égalité des droits."
LA FRANCE "À LA TRAÎNE"
La France, pionnière en 1999, est à la"traîne" de l'Europe, où déjà sept pays ont adopté le mariage homosexuel (Pays-Bas, Belgique, Espagne, Norvège, Suède, Portugal et Islande). Des pays dont certains sont "même de culture catholique très marquée", a rappelé le rapporteur du texte, et qui n'ont pas pour autant été"ébranlés dans leurs fondements par sa reconnaissance". Le garde des sceaux, Michel Mercier, s'est exprimé solennellement pour rappeler la ferme opposition du gouvernement au mariage homosexuel, estimant que "ce débat est l'occasion de montrer l'attachement de notre société au mariage, pour la sécurité qu'il apporte par rapport aux autres types d'unions et pour le symbole social qu'il représente." Pour le gouvernement, le mariage "reste une institution, même s'il n'est plus un modèle unique d'union et de parentalité" et "c'est justement en raison de la pluralité des unions possibles - mariage, pacs ou concubinage - qu'il convient de respecter la place et les spécificités de chacun", a ajouté M. Mercier. Le rapporteur Patrick Bloche, qui avait déjà porté le texte du pacs en 1999, a souligné qu'il n'était "question que d'ajouter un droit nouveau, non de réduire les droits des couples mariés hétérosexuels". Il a rappelé que l'opinion publique est en majorité favorable au mariage entre homosexuels, brandissant notamment les résultats d'un sondage TNS-Sofres réalisé en janvier 2011.
TEXTE "À VOCATION POLÉMIQUE"
Les rares députés UMP présents dans l'hémicycle ont exprimé leur totale opposition au texte, à l'exception notable de Franck Riester, député UMP de Seine-et-Marne. "Accordé au couple de même sexe, le même droit, celui de se marier. N'est-ce pas donner toute sa force au mot écrit sur le fronton de nos mairies : Egalité." Sous les applaudissements de la gauche, le jeune parlementaire a annoncé qu'il voterait la proposition de loi représentant, à ses yeux, "une avancée majeure pour l'égalité des droits dans notre pays". Christian Estrosi, député de Nice, absent à l'Assemblée, a fait savoir par un communiqué qu'il ne "voter[a] pas contre la proposition de loi socialiste". Reste que le groupe UMP, qui détient la majorité absolue à l'Assemblée, est largement hostile au mariage homosexuel, tout comme les membres du Nouveau Centre. A la fin du débat, le député UMP Claude Bodin a d'ailleurs dénoncé ce"texte à vocation polémique", estimant que l'homosexualité était "une réalité privée"qui "ne peut devenir une norme parmi d'autres". Beaucoup de députés UMP craignent que l'ouverture du mariage aux couples de même sexe soit une étape supplémentaire vers la reconnaissance de l'homoparentalité.
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