quarta-feira, 2 de abril de 2014

Papa Francisco diz que não é MARXISTA e pede para que compreendam o seu antiliberalismo

L'éthique libérale et le pape François


OPINIONS
Marc Guyot et Radu Vranceanu  |   -  1348  mots
Le pape François se veut clairement anti-libéral, au nom du respect de la personne humaine. Il a tort, voici pourquoi. Par Marc Guyot et Radu Vranceanu, professeurs à l’ESSEC

 

A l'occasion de la première année de pontificat du Pape François, une des questions qui ont le plus agité les observateurs est celle des convictions économiques de ce Pape, semblant aux antipodes de celles de ses prédécesseurs. Ses positions sont clairement antilibérales, et pour être tranquillement antilibéral le Pape a annoncé qu'il n'était pas marxiste, annonce qu'on peut traduire par:  « je ne suis pas marxiste alors laissez moi être anti-libéral tranquillement ».
 Dans son schéma anti libéral, le Pape oppose de façon manichéenne d'un côté un monde « libéral », qu'il décrit comme le règne de la compétition sans autre règle que la loi du plus fort, et d'un autre côté, un monde où le gouvernement, axé sur le bien public et conscient du primat de l'humain sur la richesse, interviendrait pour corriger les inégalités et s'assurer de l'accès de chacun aux biens de première nécessité.

 L'économie de marché ne réduirait pas la pauvreté?

Pour enfoncer le clou, le Pape prétend qu'il n'a jamais vu de débordement positif du développement économique, tiré par le développement des marchés, profiter aux plus pauvres. Si son diagnostic s'appuie sur l'observation des favelas en Argentine ou au Brésil, on pourrait lui donner raison. Est-ce pour autant une preuve que l'économie de marché ne contribue pas à la réduction de la pauvreté ?
Bien au contraire. Etant donné les conditions nécessaires pour obtenir un système libéral, et le fait que ces conditions sont absentes dans la plupart des pays d'Amérique Latine, le résultat obtenu est exactement ce qui arrive en l'absence de libéralisme à savoir, pauvreté, corruption, absence d'infrastructure publique et une Eglise qui déploie des efforts colossaux pour contrebalancer, dans la limite de ses moyens, les conséquences usuelles d'un gouvernement interventionniste dans une économie non libérale.

 Les oublis du pape

A regarder de plus près, hormis dans leurs discours pour les foules, les gouvernements ont rarement les qualités que leur prête naïvement le Pape en termes de soucis des plus pauvres. Le Pape, d'ailleurs, ne cite aucun de ces fameux gouvernements centralisés qui auraient allégé effectivement la misère et il serait bien en peine vu qu'il n'y en a pas.
 Sa compréhension de la crise de 2008, supposée causée par l'idéologie de déréglementation, prête également à sourire quand on songe que les marchés financiers sont l'une des activités les plus régulées au monde. Le Pape semble oublier qu'une des causes importantes de la crise est le développement de prêts immobiliers de faible qualité en réponse à la décision du gouvernement américain de stimuler l'accès à la propriété des ménages défavorisés. La mauvaise régulation Européenne a poussé les banques à gaver leur bilan de titres de type AAA sans un contrôle strict de leur contenu, a conduit a une surexposition aux prêts immobiliers américains et a précipité l'Europe dans une crise qui a duré plus de cinq ans.

 L'économie de marché protège la liberté d'action

L'opposition du Pape au libéralisme, qu'il conçoit comme un monde sans règles, et sa position en faveur d'un interventionnisme actif de gouvernements bienveillants et compétents (vraisemblablement en lutte contre les spéculateurs, multinationales et autres accapareurs de légende) semble liée au primat de l'argent et à la négation de l'humain qui existerait dans la première société et non dans la seconde.
 Il est vrai que l'économie de marché n'affiche pas ostensiblement le primat de l'humain ; elle semble n'avoir pour objectifs que le maintien de marchés concurrentiels pour l'ensemble des biens marchands, le maintien d'une structure de concurrence à l'intérieur du pays, la mise en place du libre échange avec les pays extérieurs et l'organisation de marchés du travail et du capital flexibles.
Mais elle est particulièrement humaine, car elle protège le bien le plus important de la personne humaine qui est la liberté d'action, y compris d'action économique. En revanche, un gouvernement interventionniste et omniprésent du style Peron, Kirchner, Chavez et autres leader maximo ne sera jamais en reste d'affichages populistes variés, le bonheur du peuple et la fraternité étant souvent mis en avant. Mais au bout du chemin, on retrouve toujours les mêmes résultats : corruption, favoritisme, effondrement économique, pauvreté, et suppression des libertés dans des tentatives désespérées de garder le contrôle sur des populations révoltées.

 L'économie libérale: une vraie vision du bien commun

Contrairement à ce que semble croire le Pape, l'économie libérale requiert un Etat fort et repose sur une vision du bien commun qui est au rebours de ce qu'il croit y voir.
Le principe de l'économie de marché est de briser la puissance du grand capital en imposant une certaine dispersion des firmes et en leur imposant une pression qui les contraint à se mettre au service des consommateurs. C'est là tout le principe de la concurrence et de son fer de lance juridique et opérationnel, l' « Antitrust ».
Lorsque le capital est fragmenté,  lorsqu'il est reparti entre plusieurs entreprises, une concurrence vive renverse le rapport de force entre le capital et les consommateurs, quel que soit leur revenu. La réalisation de profits positifs est conditionnée, non plus à l'exploitation d'une rente de monopole par des corporations, mais à l'innovation et à l'efficacité. Le plus grand nombre d'individus a ainsi accès au plus grand nombre de biens, au meilleur prix possible et profite en permanence des améliorations que la recherche et l'innovation peuvent apporter. Le système se passe donc de la bonne volonté des patrons. Ils sont « domptés » et leur énergie, leur appétit de pouvoir et de puissance sont mis au service du plus grand nombre.

 La magie du système libéral

Le fonctionnement de l'économie libérale échappe donc complètement au Pape puisque celui-ci pense que les pauvres ne profiteront jamais du système car les riches ne voudront jamais partager. La magie du système libéral est qu'il profite à tous, sans avoir besoin de la bonne volonté des puissants. C'est un système qui est vertueux par lui-même et qui ne nécessite pas que ses membres aient la vertu du partage. Bien évidemment s'ils l'ont, l'ensemble fonctionne tout aussi bien.
De plus, ce système est en conformité avec la doctrine sociale de l'Eglise en ce qu'il repose sur la responsabilité individuelle et la liberté d'entreprendre. Jean Paul II, dans son encyclique, Centesimus Annus, avait bien rendu cette justice à ce système en soulignant que « il semble que, à l'intérieur de chaque pays comme dans les rapports internationaux, le marché libre soit l'instrument le plus approprié pour répartir les ressources et répondre de façon appropriée aux besoins ».

 L'accord de Doha, qui ouvre un peu les frontières, va doper la production mondiale de 700 milliards de dollars

Concernant la méfiance radicale du Pape vis-à-vis de ce qu'il appelle la théorie du ruissellement, il n'est que de rappeler l'impact que devrait avoir la signature début 2014 du Doha Round de simplification des échanges internationaux. C'est en réalité un petit pas puisqu'il ne concerne ni l'agriculture, ni les services financiers ni les droits de propriété intellectuelle. En revanche, la simple facilitation des échanges devrait dynamiser la production mondiale de 700 milliards de dollars. Cette simple évocation de ce que peut faire un accord de facilitation de la mondialisation et ses effets bénéfiques sur la pauvreté et le chômage constitue une réponse simple au pessimisme radical exprimé par le Pape à propos de l'impact de l'extension de la mondialisation et de l'ouverture des marchés. Le monde entier, à commencer par les travailleurs des pays émergents, vont en profiter.

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