Cannabis : Cécile Duflot prend le gouvernement à contre-pied
Cécile Duflot, le 29 mai, à Paris. Crédits photo : LIONEL BONAVENTURE/AFP
La ministre du Logement, qui est toujours secrétaire nationale d'Europe Écologie-Les Verts, assure qu'il faut considérer le cannabis «comme l'alcool ou le tabac». Une position diamétralement opposée à celle du gouvernement auquel elle appartient.
Ministre, ou patronne d'Europe Écologie-Les Verts? Interrogée ce matin sur RMC et BFMTV, Cécile Duflot a changé de casquette en fonction des sujets abordés. Avant de défendre, en tant que ministre du Logement, le blocage par décret des loyers à la relocation, elle a rappelé la position d'EELV en faveur de la dépénalisation du cannabis. «L'objectif est double: il est de faire baisser le trafic, de supprimer le trafic et la violence, notamment, et d'avoir une politique de santé publique, a-t-elle expliqué. Il faut considérer que le cannabis, c'est comme l'alcool et le tabac, même régime: une politique de santé publique et de prévention, notamment vis-à-vis des plus jeunes.»
Une prise de position qui met à mal la solidarité gouvernementale à cinq jours des élections législatives. Car François Hollande et le reste de l'équipe de Jean-Marc Ayrault sont loin de partager le point de vue des écologistes sur ce dossier sensible. Lors du premier débat des primaires socialistes, mi-septembre, Manuel Valls, désormais ministre de l'Intérieur, s'était dit «fermement opposé, au nom même des valeurs de gauche (…), à toute concession» dans la lutte contre le cannabis. Quelques jours avant le premier tour, François Hollande avait expliqué qu'il ne reprendrait pas la propositionde son conseiller sécurité, François Rebsamen, visant à assouplir la législation sur les drogues douces. Soucieux de se démarquer de l'angélisme auquel les socialistes ont longtemps été cantonnés en matière de sécurité, le candidat socialiste avait refusé de «donner le moindre signal de renoncement à une dissuasion par rapport à cette consommation de cannabis».
Jean-Marc Ayrault prend ses distances
«Je sais que ce n'est pas la position du gouvernement, mais là, je suis la secrétaire nationale d'Europe Écologie-Les Verts et je dis quelle est notre position», a assuré Cécile Duflot mardi matin. Selon elle, la position d'EELV «est très pragmatique, très posée, très responsable. Ce n'est pas du tout une position d'incitation, c'est une position qui vise justement à supprimer ce trafic et à considérer aussi qu'en France les jeunes fument davantage de cannabis qu'aux Pays-Bas, par exemple, parce qu'on ne peut pas avoir de politique de prévention.»
Interrogé dans les couloirs du Sénat, Jean-Marc Ayrault a pris ses distances avec sa ministre en affirmant que «le gouvernement n'a rien dit» sur ce sujet. L'UMP avait déjà réagi en dénonçant «un signal destructeur pour l'autorité morale de l'Etat» et le «double langage de la gauche». Spécialiste des questions de sécurité à l'UMP, Bruno Beschizza a insisté sur les «ambiguïtés» au sein du gouvernement. Au lendemain de l'élection de François Hollande, Cécile Duflot avait choisi de rester à la tête du parti écologiste jusqu'au terme des législatives. Nommée au gouvernement, elle avait ensuite proposé d'organiser une réunion du bureau exécutif d'EELV dans son bureau du ministère, suscitant une polémique au sein même du parti écologiste.
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